lundi, février 25, 2008

La mort du Moine

Voici la surprenante et divertissante interprétation personnelle de l’affaire de Damas par Alon Hilu.

En 1840 des juifs de Damas sont accusés du meurtre rituel d’un moine capucin et des membres de leur communauté sont arrêtés et sévèrement questionnés. Torturés grave quoi.

En occident la communauté juive alertée réussit à soulever l’indignation de l’opinion publique et les gouvernements suivent, sauvant les détenus d’une mort certaine et la communauté du pogrom qui la menaçait.
L’histoire est racontée ici par Aslan Farhi, un jeune juif ayant authentiquement pris part à l'affaire et dont le moins qu’on puisse dire est qu’il y est intimement lié…

lundi, février 18, 2008

Des Hommes d'Etat

En dehors des vacances, je ne suis pas fan des hôtels. Pour gérer mes fréquents déplacements j’ai donc pris l’habitude de faire des aller-retours dans des journées marathon qui me voient par exemple petit-déjeuner à Roissy à 6h, Déjeuner avec des clients et partenaires à la Villa Malpensa à Milan à 13h et Dîner au Fouquet’s avec mon frère à 22h avant de boire un dernier verre en face du Marché Saint-Germain avec Fabien et d'autres seven-to-one-neurs et me coucher enfin dans le Montlignonais, plus de 23 heures après mon lever. Je reviendrais sur ces amusantes journées qui me permettent à la fois de remplir mes objectifs professionnels et de prendre plaisir à vivre, ce que je ne veux pas sacrifier.

Il y a une quinzaine de jours, le matin à l’aéroport en trompant mon ennui chez Relais H, je tombe sur "Des Hommes d’Etat" écrit par Bruno Le Maire, ancien directeur de cabinet de Dominique de Villepin Place Bauveau puis à Matignon.

Avec "L’Aube, le Soir, la Nuit" de Yasmina Reza j’avais tenté d’en savoir plus sur le cœur des évènements politiques survenus entre janvier et mai 2007. J’avais été déçu par un écriture visiblement subjuguée par son sujet principal, Nicolas Sarkozy, ce qui donnait donc un fouillis d’anecdotes d'un faible intérêt que la moindre secrétaire du nouveau Président aurait pu écrire. S’agissant de Yasmina Reza je m’attendais à mieux mais nul doute que le livre, par la proximité de sa sortie avec le triomphe de son personnage principal, a dû connaître un certain succès.

Des Hommes d’Etat nous amène dans un autre registre. Bruno Le Maire livre ici avec une impartialité de bon goût le récit parfois quotidien entre mai 2005 et mai 2007, de l’affrontement entre les trois hommes les plus importants de la république pendant cette période : Jacques Chirac, Dominique de Villepin et Nicolas Sarkozy. Leurs seconds couteaux, ne sont pas oubliés : Bruno Le Maire lui-même ou Jean-Louis Debré, que j’avais rencontré pendant cette période à l’hôtel de Lassay à un débat avec Boutros Boutros Gali.

Les coulisses de la plupart des évènements ayant émaillés ces deux ans sont dévoilées avec sincérité et sans parti pris décelable, sinon par les concernés : le référendum Européen, la première bataille entre Sarkozy et Villepin pour Matignon - perdue tactiquement par Sarkozy, pour mieux remporter la suivante, la vraie, l’Elysée -, Clearstream… On découvre la bien curieuse façon dont se forme un gouvernement de la république, que si Villepin et Sarkozy eurent chacun leur trou d’eau, le CPE et la crise des banlieues, l’un s’y noya et l’autre pas et des dialogues authentiques et succulents.

On côtoie aussi quelques instants les « News makers » du monde, glacial Poutine, impressionnant Sharon, courageux Karzai, Tony Blair, jovial et francophone, le silencieux Kofi Anan, tel que rencontré par mon frère à la messe du réveillon dans une église de New-York.
Voilà un témoignage que je recommande pour comprendre un peu de notre époque dans laquelle l’excitation compulsive des médias, les sujets et le rythme effréné qu’ils s’imposent pour conserver leur audimat ou leurs lecteurs fait souvent manquer des évènements qui, pour peu médiatiques qu’ils soient, n’en ont pas moins de lourdes conséquences sur notre quotidien.

lundi, février 11, 2008

Late Return

0h50. Fin, d'une de mes interminables journées. Quatre heures de révisions ce matin de 8h a 12h, un test d’Anglais de 14h a 17h, un match retour de championnat de 20h a 23h – nous perdons sur un score que la dignité m’interdit de consigner ici - et passage par le bureau pour un peu plus d’une heure, indispensable compte tenu de mon emploi du temps du lendemain.

Je préviens le garde que je serais à la grille dans 1mn. Veilleur de nuit dans un immeuble de bureau n’est probablement pas un job très excitant mais celui-là devait en être à son troisième joint quand il vient m’ouvrir la grille, qui la nuit n’est plus automatique. Confirmant qu’il n’a pas que l’air gazé, il oublie tous les sas de l’immeuble ouverts derrière nous. Je ne lui en fait pas la remarque mais ne mise pas grand-chose sur sa longévité ici. Je fonce sous la pluie vers ma voiture.

Au contact les phares s’allument et les essuie-glaces se mettent en marche à la cadence exigée par la pluie. Miracles de la technique. On est loin des nanorobots servant les héros de l’excellent « Brigades fantômes » de John Scalzi que je viens de terminer mais la plupart des gens ne se rend pas compte que dans un objet aussi courant qu’une automobile se cachent des dizaines des systèmes automatisés, de programmes informatiques, de puces électroniques qui veillent sur le confort et la sécurité des occupants.

Pied sur la pédale de frein je démarre et j’actionne le levier de la boite automatique vers l’arrière, il est temps de rentrer. C’est Jill Scott qui m’accompagnera pendant ces quelques minutes. Il fait tard et je suis pressé de dîner, le rythme brutal de son "Gimme" est à sa place, le volume est fort. En m’ouvrant la grille le garde, malgré mes vitres fermées doit ressentir les coups de boutoirs que les basses donnent dans les portières. J’ai découvert ce morceau dans la volumineuse compil « Génération 88.2. » dans laquelle Géné n’a pas toujours la main heureuse sur 15 années de radio néanmoins les 15 CD cachent quelques perles dont ce morceau de 1999.

J’écrase la pédale de droite et le 4x4 s’arrache de la grille dans un barissement d’éléphant à la charge. Je rentre vraiment. Moins d’une minute plus tard je suis sur la N184 à une allure que la morale n’encourage pas. La bifurcation vers L’A115 est prise a une allure normalement réservée aux routes très sèches, alors qu’il pleut à seaux.

Je navigue littéralement sur l’autoroute en pensant à ce que, malgré notre recherche permanente de la sécurité, nous passons notre temps à nous mettre dans des situations dans lesquelles si le risque se matérialise, nous ne pourrons lui faire face. Ainsi, mon lourd Rexton est actuellement chargé d’une énergie cinétique, combinaison de sa vitesse et de son poids, à laquelle il ne saurait lui-même résister en cas de choc, avant même de songer à la protection de son passager. Un choc frontal et la rutilante voiture se retrouve transformée en César fumant et dégoulinant.

Ma sortie approche et je vais encore très vite. J’attends le moment ultime pour freiner sans ménagements. Ca devrait passer. Les pistons des quatre gros étriers s’exécutent et agressent les disques, les plaquettes mordent. Alliée et ennemie, la pluie qui menace le grip de mes pneus conserve les qualités de freinage du gros engin intactes en éconduisant la chaleur. Cela devrait empêcher toute surprise ou récompense malvenue de la façon dont je les traite depuis mon départ. Les énormes Kuhmo aux rainures prononcées feront le reste.


Le Rexton plonge raisonnablement, bravo la répartition du freinage. En bute aux lois de la physique, il glisse, grince contre le sol et se dandine sur ses hauts pneumatiques. J’ai déjà noté ce comportement sur ces lourdes voitures lorsqu’elles sont chaussées de pneus à flancs haut : lors d’un gros freinage, les pneumatiques s’écrasent et laissent le véhicule errer un peu sur leur structure déformée. Ce phénomène diminue puis disparaît à mesure du ralentissement.

C’est passé. Je réaccélère déjà et le 4x4 se jette dans les successions de ronds-points, avalant la route, encouragé par Jill Scott qui hurle "Gim-me, Gim-me,Gim-me!!" à pleins poumons. Je me laisse surprendre par une surélevation de la chaussée que je connais par cœur pourtant. C'est en allant chercher son pain qu'on a les plus beaux cartons dit-on, ce n’est pas une légende. Le 4x4 encaisse le coup dans un dandinement agacé. Je lève le pied. Malgré l’heure tardive je ne tiens pas à révéler ma vraie nature de chauffard aux habitants de ma petite ville…

mardi, février 05, 2008

How to Dismantle an Atomic Bomb

Ceux qui me ressemblent et moi même avons une mauvaise tendance à considérer que notre bon goût est universel. Nous serons donc tous d’accord pour considérer que "How to dismantle an atomic bomb", dernier véritable album de U2, paru en 2004 - si loin - est d’une excellence rare. Le genre d’excellence qui oblige un infernal serial zappeur comme moi à le laisser passer d’un bout à l’autre sans oser la moindre pression sur le bouton fwd, tellement c’est bon.

Ce matin encore je l’écoute dans la voiture en me rendant à mon bureau. Je m’extrais de la bretelle d’autoroute et j’écrase franchement l’accélérateur pour échapper à un énorme camion qui n’a pas l’intention de ralentir pour ma pomme, "Sometimes you can make it on your own" acquiesce Bono, dans le #3. A part une petite faiblesse dans le #4 "Love and Peace or else" l’album vous fait le plein d’émotions jusqu’au paroxysme atteint en entrant dans la "City of blinding lights" (#5). Mais il ne vous abandonne pas après, non, il entretient votre bien-être jusqu’à sa fin. Mention spéciale à "Yahweh" (#11), à la fois cri et hymne à la tolérance, sans rien de galvaudé ni de déjà vu.