mercredi, mars 26, 2008

A la poursuite de 7941

Mercredi, 4h30. Mon réveil sonne et après un de ces moments où, groggy et hébété on ne sait plus si on dort ou on est éveillé, vivant ou mort ni même ce qu’on fait là et où on est, j’émerge. Je me méfie terriblement de ces moments de semi-conscience qui coûtent cher en temps sans rien donner en repos. Combien d’avions loupés, de trains échappés avec leur corollaire de rendez-vous manqués, de divorces, de guerres nucléaires, à cause d’une somnolence ingrate ?

Justement, ce matin j’ai un train à prendre. Et l’affaire s’annonce serrée : j’ai oublié d’imprimer mon billet d’iDTGV hier au bureau. Je n’ai donc pas le choix, il me faudra commencer par là avant de me rendre à Montparnasse pour le train 7941 de 7h15 à destination de Bordeaux. Parfois j’ai l’impression qu’entre ma mauvaise mémoire et ce que je considère comme de la fainéantise chronique, ma vie ressemble à une organisation rationnelle et méthodique de perte de temps. J’engage une lutte serrée contre le chronomètre.

A 5h je quitte à regret mon cocon du montlignonais pour un agenda incertain. Malgré ma douche, ce sont les rugissements du moteur à travers les rues et quelques passages serrés sur l’A115 qui terminent de me réveiller. 5h20, j’appelle le garde de nuit pour le prévenir que j’arrive dans moins d’une minute et que je suis très pressé. Le brillant homme actionne la commande de la grille dans un mouvement splendidement coordonné avec mon freinage brutal devant celle-ci. C’est, il me faut l’avouer ici, moins par courtoisie ou par souci de ménager les jambes du quinquagénaire que motivé par l’urgence que je l’invite à prendre place à bord pour parcourir la distance qui nous sépare de l’entrée de l’immeuble, fermée elle aussi jusqu'à 8h.

En avance sur le timing je suis devant mon écran à moins de 5h30. Les systèmes mettent un temps fou à démarrer mais une dizaine de minutes plus tard j’ai non seulement imprimé le précieux billet mais j’ai même eu le temps de retrouver et d’envoyer à Johann le modèle de contrat qu’il désespérait de n’avoir que demain.

La lutte intense continue. 5h45, la grille me libère à nouveau et j’accélère comme un possédé tout en fixant le GPS sur son support. Dans le rond-point je pianote déjà « Paris ». Sur la bretelle d’accès je claviotte « gare Montparnasse » d’un œil tout en corrigeant la trajectoire et en surveillant les voies où je m’engage de l’autre. 5h58, le verdict du navigateur tombe : arrivée prévue à 6h28. Zébonza. Il me reste pour tenir ce délai à compter sur un traffic compréhensif.

Jusqu’au dernier moment j’étudie secrètement la possibilité de me dérouter sur la gare d’Ermont-Eaubonne et de préférer les certitudes du réseau de banlieue aux incertitudes de la route. Mais l’affaire ne me parait finalement pas jouable par les transport et de plus la circulation semble être de mon côté.

6h10, Viaduc de Gennevilliers, l’option des transports n’est plus une option, la circulation est toujours fluide, les feux rouges des véhicules, comme un sang chargé d’oxygène s’engouffrent vers Paris par Clichy. Une série de feux rouges et quelques chieurs font grimper mon estimation d’arrivée et ma tension. Ce sera 6h30 maintenant… rendez-moi mes deux minutes !

Je m’engage furieusement sur le périph, dramatiquement méprisant des limitations de vitesse mais bien décidé à reprendre mon bien. 6h29, m’annonce le système quelques instants plus tard, aaaaaaaah. Je sort porte Brancion, comme conseillé par la machine et devant un début de certitude de la victoire sur le temps je lève le pied, les rues s’enchaînent moins brutalement, même si le rythme reste soutenu, et la gare presque une surprise.

6h30, une dernière contrariété en garant mon imposant véhicule dans un minuscule parking qui a le mérite toutefois de donner directement sur les voies et je me retrouve enfin et bien avant l’heure limite, sur le quai. "Mission accomplie " aurait dit G.W. Bush. Mais dans mon cas celà est vérifié.

En l’absence de Starbucks je décide que çà se fêtera au Colombus Café. Partout autour de moi, des gens qui font la gueule, tirent une tronche de gens contrariés. C’est probablement mon cas aussi. Alors je m’efforce de sourire ou au moins d’avoir l’air avenant. Je pense à Laurent, Bruno, Marco, Myrna et leurs vacances perpétuelles au Mexique, pays des melons et des chapeaux ronds, de la bière ni chère ni bonne, des filles aux seins lourds et poilus avait décrit ce coquin d’Arnaud. J’aimerais être sur Polanco au Garabatos à cet instant précis.

Posté du TGV 7941 avec une si grande facilité qu’elle m’a laissé pantois quand à ce que je croyais être le futur mais qui est en fait aussi présent que les chinois en Afrique : Internet 3G+

vendredi, mars 07, 2008

Memoirs of An Immigrant

C’est le dernier album de Wyclef Jean et il vous le faut de toute urgence avant ce week-end ! La voix de Wyclef, presque banale dans la diction normale, prend des couleurs insoupçonnables lorsqu’il chante dans le flou éraillé dont seuls les vrais reggaemen sont capables sans irriter l’oreille.
De nombreux featuring émaillent l’album: Akon dans "Dollar Bill" (#3), T.I . dans "Slow Down" (#5), Paul Simon dans un très bon "Fast Car" (#7), ou encore Mary J. Blige dans "What about the baby" et quelques autres dont même notre Passi national. Bon Passi avec moins de bonheur que la plupart des autres certes, mais Passi quand même !
Le meilleur de Memoirs est livré au #11, quand Wyclef, seul de bout en bout, commence : « If it was my last day on earth, I’ll treat it like my first and go out the way I came in… Heaven’s in New York ». "Heaven’s in New York" est un hommage à cette ville dans laquelle je me retrouve moi aussi.
Wyclef est né en Haïti, pas à NY mais il considère visiblement que sa véritable arrivée au monde fut le jour où à dix ans il débarqua à Brooklyn, y fit la connaissance de Pras Michel et de Lauren Hill. On connaît la suite…