lundi, juin 25, 2007

La loi des séries

On a parfois tendance à l'oublier c'est pourquoi elle se manifeste périodiquement, histoire de vous rappeler que vous comme les autres restez sous son empire et qu'elle se contente de peu quand elle pourrait prendre ce qu'elle veut.

Dimanche matin, réveil aux aurores : 10h. Attention, couché à 5h quand même donc fraîcheur limite de péremption. Direction le RKC de Cormeilles pour une séance de pilotage di iouf. Nous sommes une petite dizaine, j'ai l'orgueil de me considérer comme le meilleur coup de volant du lot, je m'installe donc confiant dans la machine.

Dès le premier run les choses se présentent mal : non seulement j'enchaîne les glissades et les pertes de temps mais en plus, alors que je le dépasse, mon frère perd royalement le contrôle de son engin et m'envoie vérifier la hauteur de l'herbe comme on ne m'y avait plus expédié depuis longtemps. L'affaire m'éloigne définitivement de la tête de course mais je passe le temps en doublant quelques bifs et je fais un ou deux tours que je pense être fabuleux de maîtrise. Ca doit donner du 58" ça. Eh ben je ne le saurait jamais car il n'y avait pas de transpondeur sur MA voiture. Sur toutes sauf sur la mienne. Il ne manque que mon temps. Juste le mien.

Run 2 : Cette fois-ci c'est à bord d'une authentique merguez que je prend place. Son bruit rauque au bout de la ligne droite me renseigne vite sur le fait que je vais subir. Et je subis 15 tours durant. Beurk. "J'avais dit de pas le remettre avec les autres çui là, on doit changer le moteur" me fait Didier, responsable de piste à l'arrivée. Je n'ai pas la présence d'esprit de lui demander compensation immédiate pour avoir été doublé par Fred. Un scannnndalll.

Run 3 : j'exige une machine décente, l'oiseau assistant va me chercher la numéro 23 "elle marche bien celle-là". Dès le départ la direction de l'engin me paraît un peu bizarre, avec un débattement au delà du raisonnable mais au moins je peux rester dans les roues de Fred et Arnaud, les deux meilleurs ce matin. Viens le 3ème tour et la suite de mes mésaventures : visiblement passé entre les mains d'indélicats qui accélèrent et freinent en même temps, l'embrayage fatigué de la 23 finit par lacher en me choisissant pour témoin. me voici donc immobilisé de l'autre côté du circuit, à attendre un "spare" qui finit par arriver de longs instants plus tard. Fâché le garçon. Inutile de dire que ma nouvelle machine, pêchue comme veau au sortir de la tétée avance avec l'enthousiasme des gens qu'on dérange...

lundi, juin 11, 2007

Ni bloir ni nanc, juste libéral

Dimanche, après une journée de tournoi de foot au soleil à s'en donner mal au crâne - on a fini 6èmes -, je décide d'aller fêter la victoire de Nadal à RG, la pole de Hamilton au Canada, mes jambes épuisées et une pointe derrière le mollet dans une pizzeria de Conflans, à moto avec Nico. La capitale de la batellerie prend des allures bord de mer au moindre rayon de soleil, à la moindre température agréable.

Nous sommes donc à table Nico et moi, devisant de moto et de voyages lorsque qu'un rapide coup de fil de mon frère m'annonce qu'aux législatives la vague bleue attendue est bien en route. J'acquiesce sans marquer de satisfaction particulière, mû sans doute par l'instinct que je ne suis pas forcément entouré que de gens que cela réjouira beaucoup.

A peine ais-je raccroché qu'un gars qui dînait seul à côté de nous se penche vers moi en me demandant de lui préciser que "vague bleue" est bien le synomyme de UMP, ce que je fais. Il me regarde alors d'un air contrit, presque compatissant et ajoute : "Vous êtes béninois? Je suppose que ca ne doit pas beaucoup vous plaire". Très étonné qu'il ai deviné mon origine sans me le demander, je lui répond que au contraire et c'est une grande satisfaction de voir les électeurs suivre une forme de logique en donnant à N. Sarkozy les moyens de mettre en oeuvre les réformes promises et plus encore. J'ajoute que, comme le disait Spiderman (!), "à grand pouvoir, grande responsabilité" et que la déception peut donc être aussi grande que l'attente a été forte. Mais de tout mon laïus que mon interlocuteur a écouté les yeux écarquillés et la bouche ouverte, il n'a retenu que la première phrase : la victoire annoncée de la droite réjouit un noir!


"Je m'excuse d'avance de cette question mais comment quelqu'un comme vous peut-il être d'accord avec des gens pareils? "
"Des gens comment?"
"Des gens qui vous traitent comme cà, qui ne vous aiment pas" et d'enchaîner sur les sans papiers, les libertés et le libéralisme à tout crin, destructeur du tissus social si important pour nous autres les immigrés, fils d'immigrés et autres acceuillis à bras ouverts qui nous empressons de tourner le dos à nos bienfaiteurs pour courir dans les bras de leurs ennemis dès que le mal incurable de l'embourgeoisement fait son oeuvre. Il termine par un magistral et définitif: "vous êtes devenu
blanc". Je comprends après cette tirade que mon nouvel ami est disons plutôt rideau rouge que vague bleue.


Je lui explique alors que c'est précisément de cette amitié dont nous ne voulons pas. re-air choqué. Je continue sur le fait que les élections récentes n'ont même pas été le choix d'un modèle de société mais plutôt celui de la façon de nous y conduire.

Je lui dit que Gauche et Droite dans tous les pays riches partagent une même vision sociale-libérale de la société mais la façon de la construire diverge très nettement selon que l'on considère qu'il faut distribuer ou avoir d'abord et que personnellement je préfère confier les affaires à des gens qui se soucient d'abord de créer des richesses tout en sachant que les redistribuer le plus équitablement possible est une nécessité que la civilisation impose, plutôt qu'à ceux qui se soucient d'abord de distribution au nom de l'humanisme tout en se disant qu'il faudra quand même songer à créer des richesses un de ces jours!

" Les plus ultras de ceux là lui dis-je, voient dans la lutte contre l'immigration clandestine que mène l'Occident un déni des droits de l'homme alors que le problème n'est pas d'accueillir chaleureusement les étrangers... dans des bidonvilles insalubres aux portes de Paris mais plutôt de cesser de leur rendre la vie impossible chez eux en subventionnant des élites écervelées avec lesquelles on fait en attendant de très bonnes affaires!

La société africaine est infiniment plus libérale que les sociétés européennes dont il a l'habitude. Le libéralisme est d'ailleurs une politique de pauvres souvent utilisée en période de crise: que fit l'Angleterre en donnant le pouvoir à Mme Thatcher? Que tente aujourd'hui la France en remettant tous les sceptres entre les mains d'un libéral décomplexé sinon tenter de retrouver le chemin de la fortune?

Et ca marche. La sauvagerie du libéralisme chinois est bien plus brutale que tout ce qui pourrait être imaginé en France - qui n'en a pas besoin - mais like it or not, il fait émerger tout les ans des millions de personnes de la misère vers la pauvreté, puis de la pauvreté vers la suffisance et de la suffisance vers la richesse, ce à quoi le communisme débordant de bons sentiments sur le papier n'était pourtant jamais parvenu.

Tout ceci n'ayant rien à voir avec la couleur des gens pré-cités, je ne vois pas pourquoi changer de continent transformerait un libéral noir en socialiste blanc!"

Il acquiesce doucement " J'ai des amis noirs vous savez et aucun ne m'a jamais tenu un tel discours. Ce ne sont normalement pas vos valeurs..."

Je le sens gravement touché. Assez de banderilles, je prépare ma muletta :

"Et pourquoi pas? lui réponds-je, c'est faire de la couleur le conditionnement systématique des choix de société qui me parait étonnant au contraire, presque d'un racisme total.

Les dirigeants de Gauche ont toujours mené à l'égard des pays pauvres les mêmes politiques que les dirigeants de Droite, et pourtant la Gauche a toujours bénéficié d'un capital sympathie incroyable dans les populations immigrées venues de ces pays.

Elle a foulé au pied ce capital en n'en faisant tout simplement rien. Pour ne pas avoir de pauvres sous ses fenêtres, la Droite a laissé exister les guettos comme un mal nécessaire, la Gauche, et c'est bien plus grave, les a entretenus parcequ'elle y voyait là des viviers d'électeurs suivant l'adage que "quand on est pauvres on vote à Gauche". Donc pour garder vos électeurs, gardez les pauvres! Je l'ai vu de près dans une municipalité communiste ou mon frère et moi avons dépensé notre énergie en pure perte au temps ou certains aspects de la marche du monde nous échappaient encore."

Pour en finir avec mon contradicteur, une de mes remarques préférées: "On se plait souvent à dire en France que les Démocrates sont plutôt la Gauche et les Républicains de vilains libéraux de Droite. Admettons. Cela voudrait dire que tout noir Américain qui se respecte vote Démocrate, et je me souviens encore de certains commentaires qui accompagnèrent la nomination de Colin Powell puis de Condoleeza (weird name) Rice au secrétariat d'Etat, raillant deux noirs écervelés téléguidés par Bush et les Républicains.

Pourtant on s'en souvient peu mais dans la guerre fratricide qui opposa l'Amérique industrielle du nord, bleue et anti-esclavagiste aux états du sud, gris, agricoles et esclavagistes, les Bleus étaient ce qui est dans l'Amérique d'aujourd'hui le parti Républicain et les Gris le parti Démocrate!

En quel honneur les démocrates hériteraient t'ils alors de droit du vote noir ? Sous prétexte qu'ils sont les défenseurs des pauvres, encore un sous-entendu selon lequel tout noir bien fait est nécessairement sans le sou? Pourquoi l'élite de Gauche française n'a t-elle jamais reconnu l'intelligence d'une partie de ses concitoyens et que lorsqu'une Droite pragmatique et efficace nomme à la tête d'une administration une femme et d'origine maghrébine il s'en trouve encore pour douter de son indépendance d'esprit? Au delà des discours de sympathie, le body language de la Gauche dans l'histoire me parait plutôt terriblement édifiant sur l'idée qu'elle se fait des catégories sociales et de la façon dont chacun doit rester à sa place."

Pendant que je lui parlais il hochait la tête doucement, acquiescant même. Soudain il s'écroule :"Ca m'ennuie de le dire, mais le pire c'est que je crois que vous avez raison... Moi je suis un artiste vous savez, j'aime beaucoup l'Afrique..."

Après cet aveu nous échangeons encore quelques mots et je prends congé, presque déçu de ne pas avoir rencontré plus de conviction que ses premiers mots me classant dans les Bloirs ou ex-noirs embourgeoisés devenus blancs, ne le laissaient supposer.

lundi, juin 04, 2007

Rêves de gosses, réalités d'adultes

Mercredi dernier je suis rentré d'Amsterdam où les officiers chargés de la sécurité de Schiphol ont désormais la possibilité de se tacher le caleçon à force de mater toute la journée, les sales.

Leur nouvelle machine de détection déshabille du regard les voyageurs afin de s'assurer qu'ils ne portent, caché sous la veste ou la jupe quelqu'objet destiné à rendre difficile la vie du personnel de bord et troubler la quiétude des autres passagers.

Les visages des déshabillés sont parait-il floutés, afin de ne pas indisposer ceux dont on aura ainsi pu collatéralement constater que le service 3 pièces porte à gauche ou les blondes dont le côté artificiel de la forte poitrine se révèlera sans fard à l'oeil aguerri du fonctionnaire de police.

J'aurais du faire un geste obscène en passant mais j'ai manqué de présence d'esprit et à vrai dire je n'ai pas noté la présence de l'indiscrète machine à déshabiller les gens, un rêve de gosse devenu réalité d'adultes!

Vue sur ton petit déj et un peu plus bas sur ce qu'il reste de celui d'hier.