lundi, juillet 23, 2007

German Chaos !

Le Nurburgring est d'habitude une fournaise réputée pour ne pas proposer de courses palpitantes. Ce dimanche cependant, une averse courte mais folle déversa un impressionnant volume d'eau sur la piste, faisant entrer l'édition 2007 du Grand Prix d'Europe de F1 dans les annales!

A peine 2 tours après le départ de grosses gouttes atterrissent sur le bitume en rang serré. Les pilotes, sont tous partis tous en dry, les passerelles de course montrent les premiers signes d'inquiétude. Une seule réagit pourtant instantanément, c'est Spyker qui rappelle le désormais célèbre Markus Winkelhock dès la fin du tour de formation pour le chausser de full wet. Entre temps, un déluge biblique fait passer la piste de délicate à impraticable, aidé par une faiblesse congénitale du tracé dont la forme vallonnée crée de véritables lacs à certains endroits!

Si Raikkonen, impeccablement parti en tête, glisse, rate son entrée dans la pit lane et doit repartir pour un tour ubuesque, le reste du peloton s'engouffre dans les stands sans coup férir pour changer de pneumatiques, laissant en piste Winkelhock, Markus, fils du Grand Manfred Winkelhock, régional de l'étape et seul à avoir fait ce changement au bon moment! Il s'ensuit que le jeune allemand, qui remplace l'infortuné Christijan Albers et participe à son premier Grand Prix... en est le leader! Que Hamilton ou Raikkonen aient réussi pareil exploit et on aurait conclu à une manifestation évidente de génie. Mais c'est Winkelhock, donc il s'agit de chance.

A peine 5 minutes se sont écoulées depuis le départ du Grand prix, le Safety Car est alors lancé par la direction de course pour tenter de sauver ceux qui peuvent l'être mais las! Les cieux veulent en finir et déploient les grands moyens pour pourrir cette course : c'est par seaux que la pluie tombe désormais.

Sous une telle douche seuls les full wet de la Spyker de Markus font bonne figure, derrière on est en wet et ces pneus intermédiaire sont complètement dépassés. C'est l'hécatombe : Button, Hamilton, Sutil, Rosberg et Speed s'empilent incontrolablement dans les graviers d'un même virage. Partout ca glisse, ca frôle, ca aquaplane, bref on ne pilote plus, on survit en tentant d'éviter la casse. On frôle même une nouvelle fois la catastrophe - après le full face à 240km/h de Hamilton la veille - lorsque la Toro Rosso (Reb Bull) de Luizzi pirouette sans fin avant de terminer à un poil de l'empattement de l'énorme tracteur de désincarcération venu à la rescousse de ses concurrents ensablés. Si le timing avait été moins bon, la STR s'encastrait sous le tracteur au lieu de rebondir sur son énorme pneumatique arrière et ce dernier sous l'effet du poids de l'engin et de la pluie pouvait mettre à mal la machine et son pilote.

Devant, Winkelhock continue sa marche victorieuse à train de sénateur mais bientôt le Safety Car lui même est débordé et manque l'opprobe suprême d'une sortie de piste à plusieurs reprise, les gros pneus du V8 Kompressor AMG embarquant eux aussi plus d'eau que ce qu'ils savent digérer. La direction de course jette une éponge bien imbibée : drapeau rouge, course stoppée.



A la reprise, le bienheureux Winkelhock voit sa fortune rapidement ramenée à de juste proportion par le peloton, avant d'abandonner sur panne hydraulique. Mais il aura brillé et c'est l'essentiel. La panne hydraulique est une maladie contagieuse et faute de protection adéquate Kimi est frappé du même mal. Iceman faisait pourtant un beau retour au premier plan, il était l'homme le plus rapide du moment et pouvait espérer un podium sinon la victoire.

Une légère reprise de la pluie à 8 tours de la fin fût l'occasion pour l'ingénieur de course de Kovalainen de s'illustrer: après des propos désagréables balancés dans le casque de son pilote du genre "le pilote devant est en train de ruiner ta course - sous-entendu ma stratégie - dépasse le donc!" (Coulthard avait une jour répondu "Quelle bonne idée!" à son ingénieur de course qui lui donnait le même conseil) ou encore "Tes pneumatiques sont ok Heikki, tu peux les utiliser", humiliant son pilote en direct devant des millions de téléspectateurs, il pris la funeste décision alors que celui-ci pilotait sa Renault à la 4ème position, de le faire rentrer pour un inattendu changement de pneus, repassant de dry à full wet sur une piste qui pensait-il allait redevenir impraticable.
Grossière erreur: la pluie se fit légère, les autres pilotes se contentèrent de wet et le finlandais atterrit à la 8ème place, incapable de résister aux assauts ni de revenir sur les autres voitures devenues plus rapides que lui. On n'entendit plus l'ingénieur et ses conseils avisés.

La pluie fut également l'occasion pour Massa de se montrer une fois de plus incapable de résister au Taureau des Asturies. Le double champion du monde espagnol le mis au pas si vite que le brésilien tenta une manoeuvre désespérée pour reprendre une corde qui ne lui appartenait déjà plus, heurtant le ponton gauche de la McLaren.

Furieux, Alonso ne fit pas porter le message après-course et les caméras du monde entier saisirent ainsi ce dialogue étonnant :

Alonso : "Ce genre de choses ne se font pas !"
Massa : "De quoi tu parles ?"
Alonso : "Ne fais pas le malin, tu le sais très bien : tu m'as heurté exprès, tu as donné un coup de roue pour me jeter dehors !"
Massa : "Quoi ? Vas te faire foutre !"
Alonso : "Toi vas te faire foutre ! La prochaine fois, je te colle au mur !"



Men will be men. Alonso s'est excusé par la suite d'avoir provoqué le brésilien mais on a pu voir qu'un esprit de saine compétition règne en ce millieu de saison tendu!

Podium final : Alonson P1 et Massa P2. Webber en P3 égale sa meilleure performance en F1 et offre un de ses rares podiums à Red Bull Racing, son employeur.

Le malheureux Hamilton aura connu un week-end "sans" comme il vaut mieux les éviter: gros carton en qualif, superbe départ ou il remonte de la 10ème à la 4ème place...avant qu'une BMW en perdition ne lui occasionne une crevaison. Le malheureux rentre alors au stand pour remplacer l'enveloppe déchirée par un pneu neuf pour sol sec, et évidemment dans un ballet parfaitement synchronisé il se met à pleuvoir dès sa sortie de pit, l'envoyant presque aussitôt dans les graviers. Il finira 9ème, finissant une série phénoménale de 9 courses sur le podium, du jamais vu en F1. Seuls Schumacher (19 podiums consécutifs) et Alonso (15 podiums consécutifs) ont fait mieux mais ce n'était pas pour leur première saison!