jeudi, janvier 18, 2007

La pendaison papa, ça n'se commande pas!

Ah mes amis! 2006 n'a pas voulu finir sans emporter Saddam. Lorsque vous êtes condamné à mort, vous retrouvez tout d'un coup - surtout lorsque vous étiez un vrai puissant - une humilité qui vous fait remplacer les pharaoniques projets qui agitaient vos entrailles jusqu'à l'énoncé fatal, par une ambition bien plus simple chaque jour : voir le lendemain.

Aux Etats-Unis, souvent le jeu de la justice - cruel ou nécessaire, c'est selon - amène à la chaise ou à l'injection des êtres qui ayant eu tout le temps de la repentence, sont devenus des Presque-Saints. On tue donc un Saint. Il me revient à ce sujet en mémoire le livre de G.W. Bush publié avant sa première élection et intitulé "Avec l'aide de Dieu" (sic) dans lequel un passage est titré "Comment j'ai exécuté un Saint et fait libérer un criminel" (re-sic).

Bon, n'accablons pas cet homme au delà du raisonnable: en fait, alors qu'il était gouverneur du Texas, il avait été contraint par la loi de signer l'élargissement d'un criminel récidiviste pour vice de forme dans l'enquête, tandis qu'il signait également contraint et forcé l'éxécution d'un assassin repenti qui, à force de recours avait passé 20 ans dans les geoles où il était devenu quasi-prêtre. Ah le remord et la culpabilité du bourreau à qui sa victime pardonne en le regardant dans les yeux ! Bill Clinton dans son "My Life" relate aussi pareilles difficultés.

En Irak il n'en va pas de même : l'encre du sceau est encore fraîche que l'on exécute déjà. N'osant imaginer que des considérations de basse politique ont influencé une telle hâte, on suppose qu'il importe pour ces gens que l'âme aille à Dieu en l'état, le sang des victimes innocentes encore sur les mains, la bave de la haine qui habite les monstres fraîche aux commissures.

Pareil individu atterri directement chez Hadès, sans même que son dossier ait été audité par Saint Pierre ou sa version locale. Se pose d'ailleurs la question de la double peine (pendaison + enfer direct) que si le droit humain s'est obligé à considérer, le droit divin ne saurait passer sous silence, mais laissons là ce sujet, j'avoue mon ignorance.

Revenons à notre criminel qui arrive là-haut après dix ou vingt ans de réclusion pendant lesquels il s'est forgé une âme que lui envieraient bon nombre de pères de famille Mormons: beau dilemme que celui du Saint Pierre local! Envoyer au chaud l'homme condamné pour ses crimes ou mettre au frais l'agneau repenti?

En tout cas la mention "Vite fait, bien fait" figurant au bas de l'acte de condamnation de la justice Irakienne a évité pareille question concernant l'ex-Raïs et ses accolites.

Cette pendaison, que la morale réprouve mais contre laquelle, malgré nos efforts les larmes ne viennent pas, fut il faut le dire, menée dans les règles de l'art du Long drop, un vrai modèle du genre.
Le coupable, entravé, avança vers le noeud fatal sans être prié, refusa avec dignité et malgré les conseils d'aucuns, qu'on lui foute la cagoule, la trape fut ouverte et clac, d'un coup d'un seul, le poids du corps - c'est dans ces instants qu'on se prend à regretter l'abondance de certains repas - le poids du corps disais-je, fit son oeuvre, séparant vertèbres cervicales et substantifique moelle et plaçant la tête dans une position telle que les conditions du maintient de la vie ne soient à priori plus réunies.

Tout juste peut-on regretter l'ambiance un peu houleuse, les quelques commentaires déplacés que le supplicié put entendre - et auxquels il répondit même un "Est-ce cela le courage des Arabes?" qu'on lui aurait volontiers demandé de préciser ne fût-ce les circonstances et enfin, que la fébrilité du bourreau - ou son emploi du temps?- l'ai empêché de laisser Saddam finir sa prière. On ne coupe pas la chique à un homme qui dit sa dernière prière, en tant que bourreau il devrait le savoir.

Je m'étonnes d'ailleurs qu'il n'aie pas reçu de réprimande de l'ordre, mais bon, on pend souvent en Irak ces temps-ci et il est fatal qu'une petite entorse à l'ISO 9001 chèrement acquise arrive ici ou là.

2 Comments:

Anonymous Anonyme said...

Que ne fait on pas au nom de la liberté!
Stuart Mill qui reprenais A.Arendt dans son célèbre "De la liberté" disait : La liberté est le trésor perdu des révolutions et n'en fini pas de nourir l'aventure démocratique.
Les révolutions sont depuis devenues l'apanage des sanguinaires et la liberté est devenue liberticide dans les mains du plus petit nombre qui exerce le pouvoir au nom du plus grand.

A te lire, car c'est un délice
Sény

23/1/07 00:03  
Anonymous Anonyme said...

Ouais Sény,je me dis même qu'ici trop de démocratie tue la démocratie, quand à aller jusqu'à la "démocratie participative"...
Je me dis que c'est la meilleure façon de continuer à ne rien faire d'autre que du bla-bla improductif, mais là n'est pas le sujet du ptit Alfindo.
Saddam n'a eu que ce qu'il méritait, mais trop tôt aux vues d'un vrai procès. Les victimes auraient certainement souhaitées réparation pour LEURS préjudices : reconnaissance éfacée par une fin de -simulation de- procès.

De toutes façon moi j'était pour ce que je croyait une intervention irakienne calculée, mais que dalle en fait. C'est la foire.
La question je pense n'est même plus comment s'en sortir sans deshonneur, mais comment s'en sortir tout court. Envoyer des soldats suplémentaires ne me gène pas (contrairement aux médias français) si c'est dans une stratégie efficace car enfin, on ne peu laisser le pays dans une merde qu'on a soi-même crée.

29/1/07 17:13  

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